David Holmgren , Australien. Dans les années 70, alors jeune chercheur, il invente un concept qui aura un impact considérable : la permaculture. Ou comment produire suffisamment en s'adaptant à l'éco-système..
La permaculture est un concept australien inventé en
1978 qui prône une nouvelle façon d’organiser
les cultures. David Holmgren a moins de trente ans quand
son livre « Permaculture », co-écrit
avec son directeur de thèse Bill Mollison, devient
une référence dans le milieu des sciences environnementales.
Ce concept rencontre alors un vaste succès car le
livre est publié dans les années 1970 en pleine
crise pétrolière, époque où l’énergie
n’est plus abondante. David a réalisé l’impact
de son livre quand il a vu des groupes aux Etats-Unis qui
s’intéressaient à une mise en œuvre
concrète de ces principes.
La vie de ce brillant étudiant en paysagisme environnemental
est alors bouleversée : depuis plus de trente
ans il n’a de cesse de promouvoir ce concept et de
le concrétiser en construisant une «ferme-témoin » pour
lui et ses proches, Melliodora. Très occupé par
ses nombreuses conférences et le travail dans sa ferme,
il nous accueille néanmoins avec le sourire et beaucoup
de modestie pour quelqu’un considéré comme « une
sommité mondiale » de la protection de
la Planète.
Le concept de la permaculture
C’est à Melliodora que David nous reçoit
en cette chaude journée de février pour nous
expliquer le concept de permaculture qui nous est peu familier.
La « culture de la permanence » (permanent
culture) prône « une création
soutenable de l’habitat en suivant le modèle
naturel ». Pour cela, l’Homme doit observer
l’écosystème en place et le comprendre
afin de pouvoir l’utiliser sans le modifier. Travailler
avec la Nature en l’observant permet alors d’obtenir
un maximum d’effets avec un moindre effort. Il faut
utiliser les forces en présence et non pas se mettre
en concurrence avec elles. Par exemple, il faut utiliser
l’humidité et l’ombre apportées
par les arbres pour cultiver certaines plantes ou bien faire
passer quotidiennement ses poules au pied d’arbres
fruitiers afin qu’ils bénéficient de
l’engrais « déposées » par
celles-ci.
La permaculture ne s’applique pas qu’au jardin,
mais aussi à l’habitat et même à un
quartier ou une ville entière. Par exemple, le réservoir
d’eau d’une maison peut être placé à côté du
conduit de cheminée afin de chauffer l’eau.
Ou encore la sciure rejetée par une entreprise fabriquant
des meubles peut être utilisée par une entreprise
voisine fonctionnant grâce à de la biomasse
faite à partir de bois, etc. Que ce soit pour un jardin,
une maison ou un quartier, les principaux avantages de la
permaculture sont les suivants :
-elle permet d’éviter d’entrer en
compétition avec la vie sauvage
- d’éviter de repousser le problème
plus loin en faisant du problème une solution
- de se poser la question « comment puis-je
m’intégrer à la Nature ? »
- de générer une action qui nourrira une
autre action
- de réduire son impact environnemental en utilisant
le moins de ressources possibles.
David, un homme d’action et de réflexion
La permaculture se veut être un système nourricier diversifié et stable, proches des écosystèmes naturels..
Mais pour obtenir un tel résultat, toute démarche doit s’inscrire dans le long terme. Selon le livre de David, toute personne soucieuse de suivre les principes de la permaculture doit d’abord observer l’espace concerné pendant une année. Elle évalue ensuite les difficultés rencontrées et l’énergie qu’il souhaite y consacrer avant de passer à la conception et à la réalisation. Cette personne peut se faire aider par les nombreux conseils contenus dans les livres de David Holmgren mais aussi en suivant des cours de permaculture, dispensés dans le monde entier. Il est également possible de télécharger gratuitement le livre électronique que David a mis en ligne sur son site et dans lequel il montre, pas à pas, comment il a transformé sa ferme Melliodora en un espace régit par les principes de la permaculture.
Après avoir acquit cette propriété d’un hectare
en 1985 il en a fait un exemple de permaculture avec l’aide de sa
femme Sue et de son fils Oliver.
Leur potager est arrosé grâce au barrage artificiel qui a été installé au
bas de la colline où se trouve leur maison. L’eau de pluie est
ainsi récupérée puis redistribuée grâce à une
pompe fonctionnant à l’énergie solaire. Les chèvres
sont nourries grâce aux plantes poussant dans le lit de la rivière
(alors qu’elles sont généralement considérées
comme des mauvaises plantes).
Leur potager et leurs 2 chèvres leur permettent de se nourrir entièrement
(à l’exception du pain, du riz et des pâtes achetés
dans des boutiques). Le surplus de leur production est revendu lors d’un
marché « social » qui permet à des familles
pauvres d’acheter des fruits et légumes. La maison des Holmgren fonctionne grâce à l’énergie
solaire et elle n’est équipée ni de douches ni de toilettes.
Ils utilisent un sceau d’eau pour se laver et se rendent au fond du jardin
pour les toilettes où un compost a été installé (en
plus du compost animal).
David Holmgren en bref
Métier
"Designer" de cultures environnementales.
Spécificité
Sa théorie n'aurait certainement pas eu autant d'impact sans les crises pétrolières. C'est bien la preuve qu'il y a un problème dans notre façon d'utiliser nos ressources.
Pourquoi David Holmgren est "Coeur Vert" ?.
Le concept de permaculture est très intimement lié avec celui de durabilité. De plus ses nombreuses activités (présentation de sa maison, consulting, etc.) et le travail de sa ferme lui permettent d'en vivre.
Où le contacter ?
Le site officiel de David Holmgren
Son livre electronique qui permet de demarrer en permaculture
En discutant avec David et sa famille, nous avons pu constaté qu’aucun de ces gestes ne semble nécessiter de leur part un effort. Au contraire ils cherchent toujours à améliorer davantage Mélliodora. Comme l’explique Sue, « nous faisons des problèmes une solution ». Par exemple elle ne dit plus qu’il y a trop de baies sauvages au fond du jardin, mais qu’il n’y a pas assez de chèvres pour les manger et se promet d’y remédier au plus vite. Sue a beaucoup appris avec le temps et elle nous explique que la permaculture c’est avant tout « la connaissance du terrain ».
Pendant trente ans, David s’est donc placé en homme de terrain plus qu’en intellectuel et, dit-il, a « observé de loin » le développement et l’évolution du concept de permaculture dans le monde entier. Mais depuis 8 ans environ, tout en continuant son travail à Melliodora, il est revenu à ses origines universitaires en organisant des « tournées mondiales » au cours desquelles il donne des conférences en Océanie, en Amérique Latine ou en Europe. Le concept de permaculture rencontre en effet un certain succès dans les pays en voie de développement car ce système économe en énergies est particulièrement adapté à leur type d’économie et aussi car beaucoup de personnes pratiquaient déjà en partie, sans le savoir, la permaculture. Les pays riches ont parfois plus de mal à mettre en œuvre les principes de permaculture car ils doivent repenser leur façon de consommer. Si la permaculture ne prône pas la non consommation, elle est fondée sur le principe de consommer selon ses besoins.
Des conférences partout dans le monde pour parler du concept
Au cours de ces conférences David cherche à faire réfléchir ses auditeurs sur le contexte actuel. Comme dans les années 1970, le monde connaît une crise pétrolière. L’énergie n’est plus abondante et bon marché. De ce contexte peut émerger un grand changement dans notre société. La permaculture peut être l’une des solutions à cette situation comme le montre l’énorme succès qu’elle connaît actuellement en Australie mais aussi dans le monde entier. Mais David se garde de tout triomphalisme : « actuellement il est très difficile de se projeter dans le futur car plusieurs facteurs tels que le 11 septembre, le réchauffement climatique et la crise pétrolière rendent la situation floue ». Et quand on demande à David si la permaculture peut être LA solution et si elle peut être applicable à l’échelle mondiale, son regard devient vague. « Je ne sais pas si la permaculture peut être appliquée à une grande échelle car elle nécessite deux conditions, l’accès à la terre et à l’information. Or beaucoup de personnes dans le monde entier sont privées de terre et d’information » nous explique David. C’est regrettable car l’apport de la permaculture à la protection de l’environnement est grand : respecter l’écosystème en réduisant la pression mise sur la Planète car l’utilisation des ressources est optimisée. Avec la croissance démographique à venir, nous gagnerions à voir un tel système économe en ressources se développer.
Ecrit par Claire Holveck, Eric Perdigau, Michael Egret
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